PENTECÔTAVIC

 

Ouverture Vicoise en demie teinte

Arènes de Vic Fezensac, samedi 07 juin 2014 : première corrida de Féria
6 toros d’Adolfo Martin pour
Antonio Ferrera (palmas y pitos, salut au tiers, silence)
Manuel Escribano (silence, deux oreilles, silence)
Sobresaliente Morenito de Nîmes
Grand Soleil 8/10 ème d’arènes
Paseo retardé de 15 minutes pour cause d’affluence au guichet et d’hommages divers à un disparu (Jean Louis Fourquet de l’ADA Céret), un torilero retraité (Gilbert qui cède sa place à son petit fils Yann Bridonneau) et à un grand torero qui a marqué le ruedo vicois (El Fundi)

Le cartel avait suscité de l’intérêt lors de sa parution. Ferrera, petit à petit, s’installe dans le fauteuil laissé vacant par Luis Francisco Espla et Escribano est en passe de devenir une valeur sûre de l’escalafon.
Le public est sorti déçu des arènes par la faute des Adolfo Martin. Bien présentés, ayant largement dépassé les 5 ans pour la plupart, ils ont fait illusion à leur entrée en piste, parfois face à la pique puis de tardos sont devenus parados ôtant tout intérêt aux faenas. Très attendus aux banderilles, les deux maestros se sont contentés du service minimum, une seule paire ressortant du lot pour chacun.
Comme cela devient malheureusement une habitude, le Sobresaliente Morenito de Nîmes n’a pas eu l’opportunité d’effectuer un quite.

Le premier bicho est très dans le type de l’élevage, trapu sans excès de graisse et playero. Il accroche la cape avec la corne gauche .Mal piqué il sort seul des deux premières rencontres, il ira à mas lors de la troisième rencontre. Le tercio de banderilles est partagé entre les deux toreros sans grand brio. L’Albaserrada arrive tardo au troisième tiers. Antonio Ferrera doit arracher les passes une par une .Peu motivé par l’opposition, il ne se croise pas et abuse du pico. Le toro devient parado, la faena va à menos. Le torero prend le périphérique vicois pour une mete y saca suivi d’un pinchazo, d’une mauvaise épée de côté et un descabello. Palmas y pitos pour le torero et le toro.

Manuel Escribano est un garçon sympathique, son fan club montalbanais s’est déplacé pour le voir triompher. Tout commence bien à la cape, le second Adolfo très joliment présenté, Il prendra en poussant une première pique bien placée .La seconde très trasera et donnée sans mise en suerte laissera des traces. Après un bon tercio de banderilles à la charge des deux toreros, le bicho arrive à la muleta sur la défensive. Il ne permet pas grand-chose. La faena tourne court après une petite série à gauche et deux séries lointaines à droite. Echec à la mort, une entière très en arrière précède quatre descabellos. La course n’est toujours pas démarrée.

Le cardeño sorti en troisième position est noble à droite et compliqué à gauche. Antonio Ferrera, en bon technicien qu’il est ,le met très bien en suerte pour trois piques qui seront prises avec bravoure. Les banderilles sont posées au raset. Le début de faena est prudent jusqu’à ce que Ferrera se fasse houspiller par une partie du public. Il se croise enfin et sur la corne favorable (la droite) tire des séries de derechazos autoritaires et templés qui contrastent avec les passes aux temps escamotées du début de faena. Adorño original avec l’épée factice qui reste plantée dans le sol jusqu’à la mise à mort. L’épée dans l’épaule est suffisante mais limite le succès du torero à un simple salut au tiers.

Le quatrième, le plus jeune de l’envoi, sera aussi le plus mobile. Faible, il est économisé au cheval. En solo, Manuel Escribano exécute un excellent tercio de banderilles avec en particulier son fameux quiebro dans les planches. L’Adolfo arrive soso à la muleta. Le torero en profite pour faire une faena appliquée et élégante mais qui manque de transmission à cause de la soseria de l’animal. C’est joli, sympathique mais manque trop de danger pour mériter les deux oreilles accordées par la président après une bonne épée rapide d’effet ? Une partie du public conteste ce double trophée, un appendice auriculaire aurait été suffisant.

Le troisième et le quatrième toros ont réveillé le public, les deux derniers qui passeront sans peine, ni gloire l’endormiront à nouveau.

Le cinquième est noble et faible. Il prendra deux piques en partant de loin et en poussant. Le tercio de banderilles (partagé) est quelconque. A la muleta, le torero s’impose au toro dans les premières passes de castigo. Puis l’animal renonce, devient tardo et se décompose. Antonio Ferrera en tire, sans enthousiasme, le peu de passes possibles. Il tue mal (un pinchazo et une épée de côté)

Rien à dire du dernier, léger commode de tête, faible qui aurait du, comme le demandait une partie du public ,être changé ; Rien à la pique, rien aux banderilles, l’Adolfo se fige dès la première passe de muleta. Manuel Escribano abrège avec difficulté (un pinchazo, un quart de lame, une mete y saca, un pinchazo, une demie, un descabello)

L’arrastre est sifflée comme est contestée la sortie à hombros d’Escribano ; Pas grand-chose à retenir de cette course, si ce n’est la technique montrée par Ferrera au troisième toro. A noter, et ce sera une constante de toute cette féria, l’état lamentable de la piste dans la moitié du ruedo côté Présidence, zone dans laquelle beaucoup de toros chuteront.

 

Un grand toro de Cebada Gago en clôture d’une grand matinée pour les aficionados

Arènes de Vic Fezensac, dimanche 07 juin 2014 : seconde corrida de Feria
6 toros des Herederos de Cebada Gago pour
Luis Vilchès (salut au tiers, une oreille)
Alberto Aguilar (sifflets, silence)
Manuel Perez Mota (salut au tiers, deux oreilles)
Vuelta au 6ème exemplaire grandes ovations aux piqueros de Perez Mota (Gabin Rehabi (3ème) et El Pimpi Hijo (6 ème)) qui seront invités avec le mayoral à partager la vuelta de Perez Mota au 6ème*

Grande matinée pour les aficionados, Marcel (Garzelli pas Etienne) a arrêté les antis à Vic. Sept membres du CRAC et leur leader Jean Pierre Garrigues ont été interpellés, ce dernier en possession d’une arme de 6ème catégorie
Votre serviteur a eu le très grand honneur d’être nommément et bruyamment interpellé par le gourou du CRAC. Dommage qu’il ait oublié de préciser "Thierry Reboul des Chroniques du Moun" ; vu le nombre d’aficionados qui faisaient barrage aux antis, nous aurions augmenté le nombre de nos fidèles lecteurs.
Ma chemise provençale, qu’aime tant Isa, crève l’écran sur les images de FR3 Midi Pyrénées, et surtout, et c’est là l’essentiel, la corrida a été intéressante, finissant avec un très grand toro qu’a su mettre en valeur Perez Mota

Ce sont 6 superbes bichos, costauds et très bien armés qui ont foulé le sol des arènes de la capitale tauromachique du Gers. Leurs comportements variés et l’envie de bien faire de deux toreros modestes ont contribué à entretenir l’intérêt de cette tarde .Il a juste manqué un peu de forces aux Cebada Gago .. Le tambour major donne le ton quand à la présentation. Il est juste de force et sera mal piqué (deux rencontres dont un picotazo). Partant à contre temps, il est difficile à banderiller. Louis Vilchés reprend la muleta après deux années d’interruption. C’est un torero intéressant, à la fois élégant et valeureux. Il tire parti par de bonnes séries à droite et à gauche de la charge de son adversaire Il sera porté par un public qui par ses olés et ses applaudissements souhaitent répondre aux logorrhées verbales que déversent le Topaze de Rodilhan du haut de son camion comme le sinistre Joker dans le Batman de Tim Burton. La mise à mort n’est pas à la hauteur (deux pinchazos et une belle entière), et le succès se limitera à un salut au tiers.

Alberto Aguilar est manifesté mal remis du coup de corne qui lui a transpercé le mollet, il y a quelques jours. Son premier adversaire est un superbe castaño qui poussera lors de ses deux rencontres avec la cavalerie Bonijol. Piqué très en arrière, il sera physiquement diminué. Il se décomposera très vite en se défendant sur place .Aguilar abrège la faena, mais comme souvent il tue mal (une entière de côté et cinq descabellos) Le troisième est encore plus beau et mieux armé que les deux premiers. Il pousse avec bravoure et est très bien piqué par Gabin Rehabi qui sera ovationné. Manuel Perez Mota toréé peu depuis son alternative en 2007. Il aura du mal à s’imposer à un toro qui ira à mas. Quelques détails intéressants au milieu de passes approximatives qui ne pèseront pas sur le bicho .Une épée foudroyante permettra au torero de saluer au tiers.

Supérieurement présenté, la quatrième pousse lors de la première pique, la seconde se limitant à un picotazo. Très bon deuxième tercio à charge de la cuadrilla, le toro va à mas .Il fait preuve de noblesse et de caste dès le début de la faena. Luis Vilchès va l’entreprendre dans des séries élégantes (surtout à gauche) Avec sérieux et application, il va prendre le dessus sur l’animal et le dominer. Une très bonne entière et la présidence accorde le premier trophée de la matinée.

Mal remis de sa blessure, Alberto Aguilar sera aussi mal servi au sorteo. Le cinquième pousse sous une première pique carioquée et s’endort sous la seconde. A la muleta sa charge s’est considérablement raccourcie, Il se retourne très vite et le torero doit lui arracher les passes une à une. Ce n’est pas de l’art pour public des matinales nîmoises mais c’est celà aussi la lidia. Aguilar n’arrivera pas à dominer son adversaire, il se jette en dehors pour une estocade « périphérique » et nouvelles difficultés avec le verdugo

Jusqu’à maintenant nous avons assisté à une corrida intéressante, le dernier toro va faire monter de plusieurs crans le niveau. De très belle présentation, il s’engagera avec force dans la capote de Manuel Perez Mota. Il viendra avec bravoure par deux fois au cheval (picador applaudi). Le bicho a beaucoup de charge et caste, il mettra en difficulté la pourtant excellente cuadrilla du torero sévillan. Ce dernier a vu les qualités de son adversaire et il a compris l’opportunité de se mettre en valeur qui lui est offerte. Le toro est un toro de bandera, il va à mas et répond avec caste aux sollicitations d’un torero qui se croise et toréé avec temple. La magie opère, le public vibre. Les dernières passes d’adornos, muleta à moitié sur le sol et toro humiliant avec caste, donnent la chair de poule ou font se hérisser les poils sur les bras (selon la pilosité du spectateur). Le torero fait traîner la faena, espérant l’indulto, mais on est à Vic et tout doit rester sérieux. L’estocade est grandiose, les mouchoirs s’agitent ; Deux oreilles de poids récompensent un torero qui mérite probablement mieux que son classement actuel à l’escalafon.
Il pourra confirmer son succès à La Brède en juin et Orthez en juillet.

La vuelta du 6 ème Cebada Gago est très applaudie par un public ravi . Après tout, ce que nous venons chercher aux arènes ce sont des toros bien présentés, encastés et qui donnent du jeu dans les trois tiers face à des toreros qui s’impliquent dans la lidia de leurs adversaires.
Cerise sur le gâteau, le président du Club Taurin Vicois annonce à l’issue de la course, l’arrestation du gourou gardois et de ses acolytes.
Grande ovation du public qui entonne avec les Armagnacs le « Se Canto ». Quelle belle matinée !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Quel ennui sur les gradins

Arènes de Vic Fezensac ,troisième de Feria 2014
Cinq toros de Pagès Mailhan (le second renvoyé est remplacé par un toro de Cebada Gago)
Un toro de Cebada Gago pour
Morenito de Aranda (silence, silence)
Joselito Adame (silence, silence)
Thomas Dufau (salut au tiers, une oreille)
Chaleur étouffante, 9/10ème d’arènes

Le débarquement très agité des Pagès Mailhan est le seul souvenir qu’il restera de cette corrida. Rafistolé à coup de transports exceptionnels entre la Camargue et Vic et amputé de plus de la moitié du lot initial, l’envoi de Pascal Mailhan bien présenté a manqué de race. Ils n’ont pas permis aux toreros de s’exprimer (du moins pour une fois, ils auront cette excuse)
Toutes les arrastres ont été sifflées

Le premier est insignifiant à la pique .Il arrive tardo dans la muleta de Morenito d’Aranda. Il passe très vite de soso faiblard à totalement décomposé .Le matador abrège avec un golletazo

Le quatrième costaud sera piqué de façon ignoble .Affaibli, sans race le toro ne permet rien. Cela tombe bien Morenito n’a pas envie de faire grand-chose. ¼ de lame en prenant le périphérique, nouveau golletazo et le torero peut aller toucher son chèque.

Le second invalide est renvoyé au toril. Sort le Pagès Mailhan prévu en cinquième position (cela devient compliqué de tout comprendre). Il est lui aussi invalide. Rien au premier tiers et chaque fois que Joselito Adame lui tire trois passes, il fléchit. Une entière en avant et un descabello concluent une faena sans intérêt.

En cinquième position sort un Cebada Gago. L’espoir renaît Hélas il sera de courte durée. Manso à la pique, il passe mal à droite et à gauche ce qui n’inspire pas le torero mexicain. Joselito Adame est sifflé après un bajonazo et trois descabellos.

Le troisième sera rendu invalide par une pique dans le cou. Le toro est tardo, la tentative de début à la Castella avorte .Thomas Dufau n’arrivera pas à réveiller le public qui commence à s’endormir sur les gradins. La faena entière droitière manque d’engagement. Le torero ne se croise pas, le toro ne se livre pas et tout cela finit par une entière mal placée. Le fan club appelle le torero pour qu’il salue au tiers.

Le sixième est un Cebada Gago Il sera, comme tous les toros de cette tarde, très mal piqué. Le toro est noble. Le torero landais lui sert sa faena habituelle. Tout à droite, pas grand-chose à gauche
Thomas Dufau ne se croise pas et finit par des circulaires. Un julipié rapide d’effet et le fan club pousse le président à lâcher un trophée cadeau  « à celui qui joue à la maison ». Corrida à oublier, demain sera un autre jour.

Le travail de fond va continuer pour Pascal Mailhan. Le fond existe comme l’ont montré les deux toros vainqueurs en corrida concours à Vic., il reste à fixer le sang et la race
S’il a hérité du sens de l’élevage du grand Monsieur qu’était son père, cela est dans le domaine du possible.

 

Aguirre ou la colère dans les yeux

Arènes de Vic Fezensac, lundi 09 juin 2014 : 4ème corrida de feria4
6 toros des Herederos de Dolores Aguirre Ybarra pour
Fernando Robleño (salut depuis le callejon, silence)
Javier Castaño (silence, bronca)
Antonio Lamelas (salut au tiers, une oreille avec pétition majuscule de la seconde et deux vueltas al ruedo)
¾ d’arènes

Je sais l’effet est facile pour le titre, mais tous mes collègues chroniqueurs ont pris toutes les autres formules dithyrambiques pour ce qui sera une des corridas qui marquera l’histoire de la tauromachie vicoise voire française.

Aujourd’hui le Bonheur n’était pas dans le Pré mais dans le ruedo.
Ce lundi de fin de Féria a vu la rencontre d’un toro manso con casta et d’un torero qui s’est rappelé ce qui signifiait les mots courage et pundonor. Il a été privé d’une sortie en triomphe largement méritée par un président débile venant de Bilbao, ville où il a du oublier une partie de ses neurones.

Les 6 Dolores Aguirre se sont tous, à des degrés divers, comportés en mansos. On était très loin de la noblesse idiote des Garcigrande et autres succédanés de Domecq. Il y a eu peu d’attitudes artistiques mais des combats.
L’émotion, voire la peur, furent présentes toute l’après-midi.
Chapeau à l’ensemble des toreros, chapeau à Bonijol et sa cavalerie, chapeau au public qui a compris ce qui se passait en piste et a soutenu les toreros face aux difficultés et remis à leur place ceux qui trichaient.

Au 2/3 de la course, les deux charmantes et très aficionadas arlésiennes qui furent mes voisines durant cette feria vicoise, faisaient le constat que l’on n’avait pas vu le temps passé. C’est vrai cette tauromachie faite de faenas courtes mais intenses transmet mille fois plus d’émotion que les soit disant faenons des pseudos figuras du G5

Le premier Dolores est très bien présenté et surtout playero. Il sera mal piqué et poussera en manso cherchant à se débarrasser du piquero .Les peones saluent à l’issue du second tercio. Le bicho est gazapon et cherche l’homme derrière la muleta. Ce type d’animal permet en général à Fernando Robleño de briller. Le vaillant torero tire avec énergie et en prenant des risques le peu de passes essentiellement droitière, que permet le toro. Il va hélas perdre le fruit de son travail à l’épée (3 fois 1/3 de lame en avant, suivies d’une entière de côté) et doit se contenter de saluer depuis le burladero.

Le second est fuyard ; Il prendra 5 piques en allant à mas malgré une estafilade provoquée par une pique montée à l’envers. Les banderilleros de la cuadrilla de Javier Castaño saluent après un bon second tercio. Début de faena classique par des doblones autoritaires. Comme pour le premier toro, faena de combat mais beaucoup moins sincère que celle de Robleno. Le toro va à mas. C’est un manso (toujours un œil vers les tablas) mais il a une caste qui finit par prendre le dessus. Le toro finira par dominer le torero qui aura du mal à tuer (une demie en arrière et une entière passable). L’arrastre est très applaudie avec une pétition de vuelta.

Le troisième sera mal piqué et mal banderillé. Noble, il part de loin, mais se retourne vite .Antonio Lamelas va alterner avec beaucoup de courage, de bonnes séries de derechazos et de naturelles avec des séries fuera de cacho ; Au cours de ces dernières, il ne donne pas assez la sortie et finira par être dominé, lui aussi, par le Dolores .Il aura des difficultés à le fixer pour l’estocade. L’épée se révèle contraire. Le torero salue au tiers et l’arrastre est applaudie.

Fernando Robleño reçoit le 4ème avec une bonne série de véroniques. Après une très bonne pique, le toro ira à menos face au cheval et sortira seul de la dernière. A la muleta, le toro charge avec puissance et la première série de naturelle laisse augurer d’une bonne faena. Très vite le toro va à menos. Décomposé il ne charge plus ou mal et la faena va très vite elle aussi à menos. La mise à mort est laborieuse (bajonazo en forme de mete y saca, entière de côté et deux descabellos), le matador entendra le seul avis de la Féria. Certains applaudiront l’arrastre, là j’ai du mal à comprendre.

Le cinquième est un superbe toro, très armé. Il va mettre en déroute la cuadrilla de Javier Castaño. Il sera mal piqué par Tito Sandoval à cinq reprises, dont trois hors sitio et sans mise en suerte. Le toro, manso con casta, sème la panique chez les banderilleros qui seront sifflés. (Comme quoi la caste des toros remet les choses à leur juste place) La panique des peones a été transmise au patron ; Les doblones « virils » du début de faena font illusions .Le toro a besoin d’être sollicité pour passer ; Le torero baisse vite les bras La mise à mort est prudente (bronca).

Yann Bridonneau, photographe de talent et nouveau torilero de Vic, ouvre la porte pour faire sortir le 25 ème toro (je tiens compte du sobrero de dimanche) de cette feria. Signe du destin il a failli être utilisé en sobrero car il a perdu beaucoup de poids, Après tractation, il entre dans le sorteo, seul est écarté, sous la pression des cuadrillas, le superbe N°10.
Dés son entrée en piste, Cantinillo, mesure la hauteur des planches, manque de sauter dans le callejon .Il décide que la moitié du ruedo côté patio de caballos et toril lui appartient .Pour lui, il est hors de question que l’on vienne lui chercher des noises dans cette querencia. Très vite patron en piste, il nous montre qu’il est très manso et très encasté. Le public comprend rapidement le danger, et la pression monte aussi bien sur les gradins qu’en piste.
La sortie du piquero se fait attendre, Gabin change de cheval avant de sortir dans le ruedo monté sur Destinado. J’ai souvent critiqué le picador arlésien, mais face à ce toro manso et dangereux à, la pique, il a fait montre d’un courage et d’un professionnalisme qui force le respect.
Quatre fois, il provoque la charge du Dolores qui vient, ne s’emploie peu et sort seul. Il faut absolument le piquer, Gabin s’avance dans la querencia du toro .Probablement trop loin des planches, car sans appui le groupe équestre est soulevé, jeté puis repris à terre .Le cheval ; sans cavalier, se relève seul. Bonijol saisit la bride et seul sous la poussée du toro protège Destinado avant que les cuadrillas apeurées se décident à venir au quite.
Il est dommage qu’une petite partie du public ,n’ait pas compris qu’il assistait à un très grand tercio de piques
Ce tercio réalisé par un grand piquero monté sur un cheval exceptionnel et face à un toro encasté et très compliqué à piquer vaut mille tercios « canada dry » vus depuis deux à trois ans dans nos arènes.
Erreur monumental du président qui arrête le tercio de piques à un toro qui à l’évidence n’a pas été assez châtié.
Deuxième erreur le président impose les quatre banderilles règlementaires alors que les cuadrillas paniquées abreuvent le Dolores de capotazos.
Antonio Lamelas s’avance au centre de la piste et brinde au public sa faena. Le public pense qu’il va abdiquer face au danger énorme que représente Cantinillo et tuer très rapidement. Très gravement blessé, il y a quelques années dans une arène portative, probablement le torero le moins bien payé de la Féria, le garçon aurait pu baisser pavillon. Pourtant, son péon de brega, lui a montré qu’hors querencia, le toro, cité à droite, baissait la tête , Monsieur Antonio Lamelas va arracher quatre séries de derechazos, risquant sa vie à chaque passe. Le public a compris qu’il assiste à un grand moment de tauromachie!
Debout à chaque fin de série, il encourage et soutient le lidiador en piste. Pas besoin de musique, le bruit des battements des cœurs et les olés des aficionados suffisent à accompagner la faena.
L’estocade est portée avec un engagement suicidaire quand on sait le danger présent en piste. Elle est un peu de côté et nécessite un descabello .
Mais qu’importe, les gradins se couvrent de mouchoirs blancs, tout le monde attend que le président accorde deux oreilles. Le triste sire par pingrerie, incompétence, voire stupidité ne sort qu’un mouchoir blanc.
Le torero fera deux vueltas à la demande du public et au bord des larmes, il quittera le ruedo sous une ovation qui j’espère sera entendue des oreilles des organisateurs de France, d’Espagne et d’ailleurs.
Cantinillo est allé rejoindre au Panthéon des toros qui ont marqué l’histoire de la tauromachie Montenegro, Trompetillo, Garapito ; Sacristan

A l’issue de la course, Alain Bonijol est appelé à saluer en piste (sa cavalerie a reçu en une corrida autant de charge de toros qu’en quatre corridas matinales à Nîmes). Il associera, fait rarissime ; à son succès pour une vuelta, le brave Destinado.
Les gens ont du mal à quitter les gradins et les abords des arènes. La lidia du sixième est faite et refaite dans d’interminables discussions. Certains la revivent, la larme au coin de l’œil.
C’est pour vivre de tels moments que nous aimons le toro bravo et la corrida. Nous les savons rares, mais ils sont suffisants pour nous redonner l’envie de revenir aux pour dix ans au moins.
Seul un sinistre individu, tel un traitre de comédie, rase les murs. Il s’agit du président de la corrida qui a compris que c’était la dernière fois qu’il montait au palco

Gracias au ganadero, aux organisateurs et à l’an que ven en terres gersoises
Prochain rendez vous le 15 à Aire sur Adour, le 21 à La Brède et le 29 à Saint Sever ou Rieumes

 

Thierry