FERNANDO ROBLEÑO A LOS TOROS

Le soir du 28 février, la peña montoise A LOS TOROS recevait le torero Fernando Robleño. Événement exceptionnel s'il en est, car cette peña n'a que peu l'habitude de recevoir des toreros, mais plutôt des éleveurs, des picadors, des coureurs d'encierros, bref des gens qui se frottent aux vrais toros.
Mais Fernando Robleño n'est pas un matador ordinaire, on dit de lui qu'il est le digne successeur d'El Fundi, de Ruiz Miguel, de ces toreros dont la carrière est basée sur la ligne des corridas dures.

Fernando Robleño, pas très grand, pas très épais, est arrivé très souriant pour nous raconter brièvement sa vocation et sa carrière.
Né dans une famille qui ne comprend aucun de ses membres dans le milieu taurin, il a pourtant des photos de lui avec une petite cape ou une muleta. Depuis l'âge de trois ou quatre ans, toréer lui plait. Bien sûr à son âge ce n'est qu'un jeu. À neuf ans il demande à ses parents de le conduire à l'école taurine de Madrid. Bien que pas très heureux de la chose, ses parents l'accompagnent. Là un des maestros lui demande de faire quelques passes. Il le trouve très bien, mais ne peut le prendre, car les élèves ne rentrent qu'à partir de 12 ans. Pour Fernando c'est une grosse déception, sa première, car il lui reste trois longues années à attendre. Pour ses parents c'est un soulagement, ils pensent qu'il aura le temps d'oublier.


Robleno A Los Toros par Chroniques-du-Moun

Trois ans plus tard, le petit Robleño n'a rien perdu de sa volonté farouche de devenir torero. Ses parents sont bien obligés de céder. Trois jours après arrive à l'école un certain Juli, qui lui n'a que 9 ans, comme quoi il y a deux poids, deux mesures. Fernando Robleño reste à l'école pendant quatre ans.
Il participe au certamen de Carabanchel, un concours de novilladas non piquées qui à lieu dans la prison de Madrid. C'est un cycle de trois novilladas, et les gagnants défilent en costumes de lumière pour la finale.
Fernando est qualifié, il achète un costume d'occasion, et tout juste s'il ne dort pas avec tellement c'est pour lui un rêve qui se réalise. Il gagne la finale en coupant deux oreilles et une queue.
C'est vraiment pour lui un grand souvenir d'avoir défilé pour la première fois en costume de Lumières... en prison.

Après il a toréé environ 80 becerradas avant de passer en piquées, ou pareil il a défilé entre 70 et 80 paséos. Puis il a pris l'alternative, dans un bled, pas comme il aurait voulu, mais c'est comme ça. Son parrain et son témoin étaient El Juli et Morante de la Puebla, et plus jamais il n'a refait de paséo avec eux. C'était à l'an 2000.

Voilà donc 13 ans d'alternative. Il se rappelle être venu en France en novillada, à Hagetmau, St Perdon, Alès. Un spectateur lui parle de Parentis: oui, il pleuvait ce jour là, et la novillada a été stoppée au 4ème toro.

Il parle de son entraînement quotidien qui est dur. Il ne connaît à pas un torero qui a un entraînement aussi dur que lui. Il fait ça parce qu'il sait que toute la temporada il doit affronter des toros dont personne ne veut, faire des kilomètres et des kilomètres, et tout ça est dur pour le corps, et c'est pour ça qu'il faut qu'il soit bien préparé.
Il se lève à 7h, puis part s'entraîner de 9h à 13h sans interruption. Il rentre manger puis se reposer un peu, ensuite il repart de 16h à 21h. Tout y passe, course, boxe, torero de salon, simulacre de mise à mort une heure par jour minimum, gymnastique, bref pas un moment de répit. Et puis les jours de tienta, où là aussi il va s'entraîner chez les ganaderos dont il tue le bétail pendant la temporada.

Quand il vivait chez ses parents ceux ci trouvaient que c'était difficile cette vie, mais maintenant qu'il est marié et qu'il a un enfant de deux ans, c'est pour son épouse que c'est dur. Elle ne le voit pas beaucoup, sans compter l'angoisse inhérente au métier.

Fernando nous a conté aussi que les vrais aficionados espagnols nous enviaient, nous français, car nous savions nous organiser pour nous grouper dans les arènes afin de manifester notre contentement (ou son contraire) et aussi pour organiser des soirées comme celle-ci afin que le public soit le plus éduqué possible en venant aux arènes.
Je me demande si notre réputation de culture n'est parfois pas légèrement usurpée...

Quelques questions ont suivi cet échange intéressant. Puis certainement des tapas y vino.
Merci A Los Toros, et merci à la traductrice qui a fait parfaitement son travail sans hésitation, ni bafouillage, ni erreur, ce qui, en live, n'est jamais simple.


A Los Toros avait fait le lleno!

isa du moun

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