Fernando
Robleño, pas très grand, pas très épais, est arrivé très souriant
pour nous raconter brièvement sa vocation et sa carrière.
Né dans une famille qui ne comprend aucun de ses membres dans le milieu
taurin, il a pourtant des photos de lui avec une petite cape ou une
muleta. Depuis l'âge de trois ou quatre ans, toréer lui plait. Bien
sûr à son âge ce n'est qu'un jeu. À neuf ans il demande à ses parents
de le conduire à l'école taurine de Madrid. Bien que pas très heureux
de la chose, ses parents l'accompagnent. Là un des maestros lui demande
de faire quelques passes. Il le trouve très bien, mais ne peut le prendre,
car les élèves ne rentrent qu'à partir de 12 ans. Pour Fernando c'est
une grosse déception, sa première, car il lui reste trois longues
années à attendre. Pour ses parents c'est un soulagement, ils pensent
qu'il aura le temps d'oublier.
Robleno
A Los Toros par Chroniques-du-Moun
Trois
ans plus tard, le petit Robleño n'a rien perdu de sa volonté farouche
de devenir torero. Ses parents sont bien obligés de céder. Trois jours
après arrive à l'école un certain Juli, qui lui n'a que 9 ans,
comme quoi il y a deux poids, deux mesures. Fernando Robleño reste à
l'école pendant quatre ans.
Il participe au certamen de Carabanchel, un concours de novilladas non
piquées qui à lieu dans la prison de Madrid. C'est un cycle de trois
novilladas, et les gagnants défilent en costumes de lumière pour la
finale.
Fernando est qualifié, il achète un costume d'occasion, et tout juste
s'il ne dort pas avec tellement c'est pour lui un rêve qui se réalise.
Il gagne la finale en coupant deux oreilles et une queue.
C'est vraiment pour lui un grand souvenir d'avoir défilé pour la première
fois en costume de Lumières... en prison.
Après
il a toréé environ 80 becerradas avant de passer en piquées,
ou pareil il a défilé entre 70 et 80 paséos. Puis il a pris l'alternative,
dans un bled, pas comme il aurait voulu, mais c'est comme ça. Son parrain
et son témoin étaient El Juli et Morante de la Puebla, et plus jamais
il n'a refait de paséo avec eux. C'était à l'an 2000.
Voilà
donc 13 ans d'alternative. Il se rappelle être venu en France en novillada,
à Hagetmau, St Perdon, Alès. Un spectateur lui parle de Parentis: oui,
il pleuvait ce jour là, et la novillada a été stoppée au 4ème toro.
Il
parle de son entraînement quotidien qui est dur. Il ne connaît à pas
un torero qui a un entraînement aussi dur que lui. Il fait ça
parce qu'il sait que toute la temporada il doit affronter des toros
dont personne ne veut, faire des kilomètres et des kilomètres, et tout
ça est dur pour le corps, et c'est pour ça qu'il faut qu'il soit bien
préparé.
Il se lève à 7h, puis part s'entraîner de 9h à 13h sans interruption.
Il rentre manger puis se reposer un peu, ensuite il repart de 16h à
21h. Tout y passe, course, boxe, torero de salon, simulacre de mise
à mort une heure par jour minimum, gymnastique, bref pas un moment de
répit. Et puis les jours de tienta, où là aussi il va s'entraîner chez
les ganaderos dont il tue le bétail pendant la temporada.
Quand
il vivait chez ses parents ceux ci trouvaient que c'était difficile
cette vie, mais maintenant qu'il est marié et qu'il a un enfant de deux
ans, c'est pour son épouse que c'est dur. Elle ne le voit pas beaucoup,
sans compter l'angoisse inhérente au métier.
Fernando
nous a conté aussi que les vrais aficionados espagnols nous enviaient,
nous français, car nous savions nous organiser pour nous grouper dans
les arènes afin de manifester notre contentement (ou son contraire)
et aussi pour organiser des soirées comme celle-ci afin que le
public soit le plus éduqué possible en venant aux arènes.
Je me demande si notre réputation de culture n'est parfois pas légèrement
usurpée...
Quelques
questions ont suivi cet échange intéressant. Puis certainement des tapas
y vino.
Merci A Los Toros, et merci à la traductrice qui a fait parfaitement
son travail sans hésitation, ni bafouillage, ni erreur, ce qui, en live,
n'est jamais simple.
A Los
Toros avait fait le lleno!
isa
du moun
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