RISCLE

José Ruiz Muñoz a débouché Le flacon au septième novillo

Arènes de Riscle, samedi 02 Août : novillada piquée des fêtes 2014
6 novillos du Conde de la Corte pour
Borja Jimenez (silence, silence)
Fernando Rey (silence, silence)
José Ruiz Muñoz (une oreille, salut)
2/3 d’arènes
Une poignée d’antis

Le retour en France des Conde de la Corte était très attendu par les aficionados. Très bien présentés, dignes de sortir en corrida pour certains, les novillos du mythique élevage, tous nobles et avec un fond de caste certain, ont malheureusement péché par manque de force. Au troisième tiers, ils ont ralenti et écourté leur charge .
Face à ce type de bétail, les toreros doivent s’employer, mettre la jambe pour obliger le toro à suivre le leurre au-delà des premiers pas, malheureusement la lidia n’est plus au programme depuis longtemps des écoles taurines.

Novillero puntero, le blond Borja Jimenez n’est pas venu à Riscle pour prendre des risques. Considérant qu’il avait à faire à un public de pueblo. Au capote, son premier adversaire met mieux la tête à gauche qu’à droite. Il pousse avec force lors de la première et unique rencontre face au cheval. Le novillero demande le changement de tercio. La présidence commet l’erreur de l’accepter. Par la suite, les novilleros feront piqués fortement, voire trop, leur toro à la première pique et demanderont le changement faussant les premiers tiers et fatiguant inutilement les novillos. En France, les publics ont évolué et il est possible de piquer plusieurs fois, il est dommage que certains toreros et certaines présidences ne profitent pas de cette opportunité. A la muleta, le Conde de la Corte vient bien, mais Jimenez ne se croise pas. Il toréé avec temple élégance mais à une distance plus que raisonnable du toro. Cela fonctionne sur le public, parfois sur les toros sosos, mais en aucun cas sur des toros qu’il faut lidier. . Comportement décevant de la part d’un novillero qui a triomphé à Séville et Pampelune et qui est capable de faire autre chose. Le toro n’est pas dominé et le matador aura du mal à tuer (une estocade de côté atravesada, un pinchazo, un quart de lame et trois descabellos).

Le second, bien présenté, verra sa faiblesse accentuée par une vuelta de campana après une pique prise avec bravoure. Bien banderillé par l’excellente cuadrilla de Fernando Rey, il arrive à la muleta avec une charge courte et en se retournant vite. Le novillero comme son collègue de cartel va choisir l’option profil et fuera de cacho. Il n’allonge pas la charge du novillo mais allonge la faena alors que contexte ne s’y prête pas. Par contre son élégance touche une partie du public. Il perd avec l’épée (pinchazo, entière en arrière de travers et quatre descabellos) toute possibilité de succès.

Vincente Soler blessé, Stéphane Fernandez Meca a fait jouer ses relations pour faire débuter en France, José Ruiz Muñoz. Petit neveu du Pharaon de Camas ,il a récemment triomphé à Santander. Son premier opposant ,plus léger que les deux précédents, sera mal piqué et s’en ressentira lors de la faena. Le sévillan a du mal à trouver la bonne distance et le sitio.  Comme ses collègues, il ne cherche pas à obliger son adversaire à charger et le toro s’arrête souvent au quart de la passe. Mais comme il possède une certaine classe et une planta torera, son trasteo est émaillé de détails et d’attitudes qui ne laissent pas indifférents. L’estocade manque d’engagement et résulte en arrière mais elle est rapide d’effet et le public réclame et obtient un trophée.

Le quatrième est le plus typé et est très bien armé. Il obtiendra la chute du cheval en poussant à la première rencontre, la seconde se limitant à un picotazo. Borja Jimenez ne profite pas de la noblesse du novillo. Il le toréé de loin sur le pico, avec temple mais sans s’engager ; Nouvel échec à la mort (un pinchazo, une demie en passant par le périphérique et un descabello) et le leader de l’escalafon novilleril doit se contenter d’un salut au tiers.

Le cinquième, très bien présenté, s’engage avec noblesse dans la capote de Fernando Rey. Il charge avec bravoure face au cheval, mais sera piqué très en arrière. Le novillo manque de force. Noble, il part de loin mais s’arrête à la deuxième passe. Peu ou mal lidié, il va vite se décomposer. Numéro de porfia et estocade engagée et foudroyante et le jeune torero coupe la seconde oreille de l’après-midi.

Le dernier novillo est le plus sérieux du lot. Il est aussi le plus solide. Il sera mal piqué par Gabin Rehabi. Le bicho a une charge un peu plus longue que ses congénères. José Ruiz Muñoz en profite pour le toréer de façon relâchée et élégante .A retenir de cette faena, deux superbes derechazos et une trinchera dans le plus pur style familial. La faena est intéressante mais l’émotion artistique n’arrive pas à compenser le manque de transmission d’un toro qui baisse de ton. Un pinchazo et une mort longuette après 2/3 de lame de côté limite le succès à un salut au tiers.
L’arrastre est applaudie.

Le grand moment de cette journée, nous sommes un petit nombre à l’avoir vécu. Le club taurin local (Le Tendido Risclois) a offert le sobrero à José Ruiz Muñoz ; Je ne vous étonnerais pas en disant qu’il s’agissait du novillo le mieux présenté du lot. Il a été aussi le plus complet et intéressant de la course. Le jeune torero sévillan nous a offert une faena exceptionnelle faite de profondeur et de sentiment rehaussée par une musique flamenca venant du spectacle donné au même moment sur l’esplanade des arènes.

Je n’étais pas venu à Riscle depuis trois ans, mais j’y reviendrai car l’ambiance y est agréable et puis il faut encourager les organisateurs qui osent sortir des sentiers battus (et puis j’adore le thon piperade)

 

Les toros ont dominé les hommes

Arènes de Riscle, samedi 02 août 2014 : novillada non piquée des fêtes 2014 4 erales du Lartet pour
Jesus Bayort (salut au tiers, salut au tiers)
Pierre Mailhan, (vuelta, silence)
Demi-entrée

Après une nuit agitée, les bénévoles du Tendido Risclois ont du retroussé les manches pour rendre les abords des arènes praticables en effaçant les traces des orages nocturnes (28 mm de pluie) et les quelques affiches posées autour des arènes par un anti (celui à casquette et moustache tombante) que j’ai croisé dans les rues de Riscle en arrivant.

Cette novillada non piquée ravive l’éternel problème de la difficulté de réunir au même instant et au même lieu bons toros et toreros à la hauteur. A Riscle, il y avait les premiers mais pas les seconds. La famille Bonnet a envoyé un lot d’erales de présentation adaptée à des débutants et composée de deux novillos très nobles qui offraient leurs oreilles et de deux plus sérieux qui demandaient à être lidiés.
Bilan de cette matinée pas d’oreilles et pas de lidia, les deux novilleros présents sont passés à côté des possibilités offertes et devront retravailler les fondamentaux de la tauromachie.

Le premier eral, haut mais léger, sera bien réceptionné à la cape par Jesus Bayort. Le jeune sévillan au physique d’irlandais fera illusion à la muleta .Il va profiter de l’extrême noblesse du novillo pour donner de bonnes séries de derechazos. Le Bonnet pardonne tout, y compris les erreurs de sitio. Il est moins franc à gauche, le torero a du mal à l’obliger et revient très vite à droite. La mise à mort met en lumière les carences techniques du torero (un pinchazo, un vilain golletazo et deux descabellos. Jesus salue au tiers alors que l’arrastre est très applaudie.

Pierre Mailhan était apparu très vert à Mimizan .Il a peu toréé depuis et n’a pas progressé. Brusque et manquant de recours techniques, il est passé à côté d’un excellent exemplaire du Lartet ; Le bicho très noble avec une pointe de faiblesse demandait à être toréé avec douceur au début pour lui permettre d’aller à mas et profiter de son excellente corne gauche. Très électrique à la cape et approximatif aux banderilles, l’héritier de la dynastie des Bernacles, va imposer un trasteo trop violent et désordonné à son adversaire. Quelques bons détails côté gauche mais cela reste très en dessous des possibilités offertes . La fin de faena est décousue et accrochée. Le jeune arlésien est desservi (esthétiquement parlant) par sa grande taille à l’estocade. Il s’octroiera une vuelta, motu proprio, après un pinchazo, une entière de travers et deux descabellos. L’arrastre est applaudie.

Le troisième est un becerro léger et gacho. A sa sortie, il répond bien à droite et à gauche. Jesus Bayort sans recours va se laisser dominer par la caste du novillo . D'un animal sérieux, il va faire un animal très compliqué par ses fautes de placement et une muleta touchée en permanence .Complètement perdu, le jeune novillero va reculer sans arrêt et se faire accrocher. Il tuera mal (un pinchazo ,1/4 très basse, une entière plate et un descabello) Le salut au tiers ne s’imposait pas.

Le quatrième est le mieux présenté du lot. Il accrochera Jesus Bayort lors d’un quite. Après un trasteo toujours électrique à la capote, Pierre Mailhan banderillera avec plus d’efficacité qu’au second. Il commet l’erreur de faire un numéro à la Castella en début de faena, alors que le bicho manso con casta a besoin d’être doublé. Il continue par le haut au lieu de faire humilier le Bonnet pour canaliser sa charge, muleta retirée trop vite et séries hachées, signe d’une grande inexpérience, concourent à rendre le bicho encore plus compliqué. La mise à mort est bien sûr difficile avec une épée bassissime (pardon pour le néologisme) et une autre basse.

A retenir pour les spectateurs et le ganadero, la qualité, hélas mal exploitée du bétail, et pour les novilleros qu’il faut se remettre au travail … !

Thierry

Module de Commentaires