Et
l’ennui s’est installé sur les gradins
Arènes
d’Hagetmau, dimanche 03/08/2014 : première novillada de la feria du
novillo
6 utreros de Rocio de la Camara pour
David Martin Escudero (silence, silence)
Filiberto (silence, vuelta)
Gines Garcia (quelques sifflets, silence)
2/3 d’arènes, ciel bleu
Vus beaucoup de gendarmes, pas vu d’antis
Bonne
idée que de programmer un élevage comme Rocio de Camara qui a connu
des heures de gloire dans les arènes des Portes de la Chalosse. Hélas
le résultat ne fut pas à la hauteur des espérances des organisateurs.
Le lot envoyé par le ganadero portugais, bien présenté, a été un défilé
de mansos décastés et faibles .Seul le cinquième offrait quelques possibilités
que Filiberto n’a exploitées que partiellement.
Le
premier novillo, léger mais bien armé, s’est révélé être un invalide.
Chutant et boitant dès son entrée en piste, il aurait du être renvoyé
aux corrales. David Marin Escudero a essayé de le maintenir debout et
de lui donner quelques passes dans l’indifférence générale avant de
le tuer d’une épée en avant et d’un descabello.
Le
second mieux présenté tiendra debout mais sera manso. Il pousse sur
l’avant train lors de la première, la seconde se limite à un picotazo.
Filiberto commet l’erreur de l’économiser au cheval à cause de quelques
fléchissements. Le Rocio de Camara va se reprendre. C’est un manso qui
charge avec violence, brusquerie et qui est attiré par les planches.
Il s’échappe dès la seconde passe des séries. Il impose son terrain
au torero qui manque de recours pour prendre le dessus. Final avec un
julipié qui résulte atravesada et quatre descabellos.
Gines
Marin remplace Vincente Soler blessé à Tudela. Son premier adversaire
correct de présentation met bien la tête dans la capote. Le toro est
difficile à fixer pour la pique, changement de tercio après la première
rencontre dont il sort seul. A la muleta, il s’avère compliqué .Bien
doublé en début de faena, il charge mal à gauche et à droite quitte
la série ou s’arrête à mi passe .Difficile à fixer après une demi-épée,
le matador devra s’y reprendre à 6 reprises pour le descabeller.
Le
public somnole sur les gradins et ce n’est pas le quatrième novillo
qui va le tirer de sa torpeur. Bien présenté, il est dangereux à gauche.
Très mal piqué à deux reprises dont une fois hors zone, il se révèlera
manso à la muleta. Charges brusques et courtes, corne gauche menaçante,
c’est trop compliqué pour David Martin Escudero qui abrège en tuant
mal d’une entière et de huit descabellos.
« Il
n’y a jamais de mauvais cinquième » me dit mon sympathique voisin langonnais.
En ce jour, nous nous contenterons d’une version « dégradée » du proverbe.
Le cinquième novillo sera le moins mauvais du lot. Il sera très mal
piqué lors de la première rencontre face au cheval, la seconde n’étant
qu’un simulacre. Après un bon tercio de banderilles à charge de la cuadrilla,
il arrive avec un peu de charge et un zeste de noblesse à la muleta.
Filiberto va pouvoir lui tirer la première série de l’après-midi. Le
toro est noble et passe sans brio mais aussi sans difficultés. Filiberto
réalise deux bonnes séries, les autres seront très en dessous des possibilités
offertes. Le torero ne se croise pas et la faena, qui manque d’émotion,
va à menos. Une demi-épée et trois descabellos et le jeune torero s’octroie
une vuelta contestable dont le seul intérêt sera d’alimenter les statistiques
et les encarts publicitaires.
Rien
à tirer du manso décasté sorti en dernier, qui fuit les capotes dès
son entrée en piste. Malgré une chute, l’expérimenté piquero va réussir
à le châtier en deux rencontres. Gines Marin va toréer le novillo portugais
sur le voyage, abusant du pico et fuera de cacho Le toro se décompose
très vite et finit par se défendre sur place. Numéro de porfia qui finit
par lasser le public avant une demie verticale et un julipié rapide
d’effet à défaut d’’être sincère d’exécution.
Novillada
à oublier en espérant que demain sera un jour meilleur
Excellent
lot d’Alma Serena pour des novilleros encore verts
Arènes
d’Hagetmau ,05 août : novillada non piquée de la feria 2014
4 erales d’Alma Serena pour
Andy Younes (salut au tiers, une oreille)
Joaquin de Nîmes (salut au tiers, silence)
Quart d’arènes avec beaucoup d’enfants, ce genre de course contribue
à préparer la relève.
Comme
à la Brède, les frères Bats ont fourni, un excellent lot de novillos.
Bien présentés, ils offraient, à l’exception du premier, par leur noblesse
et leur caste des possibilités de succès que n’ont pas toujours exploitées
les jeunes toreros.
Le
premier sera le plus manso et le plus compliqué du lot. Il avertit Andy
Younès dès les premières passes à gauche Bien banderillé, il arrivera
à la muleta avec un comportement incertain .La première série est intéressante
bien que le torero ne se croise pas assez. Le toro se décompose vite
et le jeune novillero n’a pas encore tous les recours techniques pour
pouvoir résoudre toutes les questions posées. Il commet l’erreur de
réduire les distances ce qui rend le bicho encore plus complexe à conduire.
Le jeune arlésien doit se contenter de saluer au tiers après un quart
de lame et un entier contraire avec hémorragie.
Vu
au Bolsin de Bougue, Joaquin de Nîmes remplace Yannis insuffisamment
remis de sa blessure à Mont de Marsan. Le garçon est très vert et manque
de technique .Il va passer à côté d’un excellent novillo. Il a du mal
à trouver le sitio et la distance alors que le bicho répond à tous les
cites et se replace seul pour la passe suivante. Pas dominé, l’Alma
Serena règne en maître en piste .Le jeune novillero se contente de faire
des passes sur les déplacements du toro. Il a encore du potentiel quand
le torero décide de le tuer. L’utilisation des armes taupicides est
aussi à revoir pour le jeune gardois (un épée de gendarme atravesada
et une entière à recibir en avant). L’arrastre du novillo est applaudie.
Le
troisième est gacho. Il fera deux vueltas de campana dont il sortira
handicapé. Andy Younès commettra l’erreur de le toréer avec autorité
et vers le bas en début de faena. Le toro chutera à plusieurs reprises.
L’arlésien finira par comprendre qu’il doit toréer à mi hauteur .Le
toro vient bien .Très noble, il s’engage dans la muleta et va grâce
à sa caste se reprendre. Après un passage décousue, le toro allant à
mas, la fin de faena prend une tout autre dimension. Final très torero,
exploitant la noblesse et la charge qui ne faiblit pas avant un pinchazo
et une entière rapide d’effet. L’arrastre est elle aussi applaudie.
Le
dernier est un superbe castaño. Il rappelle, par sa morphologie, le
dernier exemplaire de 2013 qui avait mis en difficulté Louis Husson.
Les cuadrillas le craignent et les deux premiers tercios sont chaotiques.
C’est un toro très encasté qui demande à être lidié avec autorité et
en se croisant. Joaquin de Nîmes va se contenter de réciter des passes
apprises à l’école taurine sans lidier le novillo. Le toro va vite apprendre
des erreurs du jeune novillero et le mettra en difficulté. C’est le
lot des non piqués, mais après les Lartet de Riscle, ce sont les Alma
Serena d’Hagetmau qui sont « passés » sans pouvoir exprimer toutes leurs
qualités. Perdu dans cette grande piste, dominé par le toro, Joaquin
aura du mal à tuer (quatre pinchazos et un julipié) L’arrastre est applaudie.
Après
ce succès des Frères Bats, espérons qu’Andy Younès retienne la leçon
du jour. Il doit penser ses faenas en fonction des possibilités et
des moyens physiques de son opposant et non réciter un programme préétabli.
Joaquin a encore du pain sur la planche avant de devenir torero, à lui,
s’il en a le courage et l’envie de se prendre en main.
Garrido
domine novillos et compagnons de cartel
Arènes
d’Hagetmau, 06 août : deuxième novillada piquée de la féria 2014
6 novillos de La Quinta pour
Borja Jimenez (une oreille, deux vueltas avec forte pétition de l’oreille)
Fernando Rey (silence, silence)
Jose Garrido (deux oreilles, deux oreilles)
2/3 d’arènes
Toujours pas d’antis en vue.
Comme
souvent le lot de novillos de La Quinta n’a pas brillé par sa présentation.
Mieux armés qu’à Saint Sever, ils étaient très hétérogènes allant du
gros becerro au joli novillo. Leur comportement a été conforme au standard
de la devise. Face au cheval ils ont chargé avec alegria. Au contact
il a fallu les économiser car ils n’avaient pas la force qui va avec
un indéniable fond de bravoure. Au troisième tiers pastuenos, nobles
sans chispa,( étincelle) .Ils ont offert des possibilités de triomphe
sans transmettre de véritable émotion.
Cette novillada a surtout été marquée par la competencia entre Jimenez
et Garrido et la classe de ce dernier.
Le
premier novillo est léger et avec une tête commode. Une seule rencontre
face au cheval, il ne pousse pas sous une pique très en arrière. Borja
Jimenez réalise un bon quite au capote. A la muleta, le toro va s’avérer
noble, limite soso, Le torero sévillan comme à Riscle, va réaliser une
faena élégante, templée mais sans s’engager. Il ne se croise pas et
est souvent fuera de cacho. De ce fait, il n’exploite pas toutes les
qualités du bicho qui va à mas, partant de loin et souvent sans attendre
le toque. La faena est essentiellement gauchère car à droite le La Quinta
est plus complexe et le torero n’a pas une folle envie de se compliquer
la vie. A l’issue du combat, on a vu de jolies passes mais pas de lidia
et le toro n’est pas dominé. Le public réclame et obtient une oreille
après une estocade en avant et une mort longuette avec hémorragie. L’arrastre
est applaudie.
Le
second léger met bien la tête dans la capote à droite et à gauche. Il
prendra deux piques, une trasera et une symbolique. Le toro est faible.
Il répond bien au cite du torero mais à besoin d’être « aéré » et soutenu
par la muleta pour aller au bout de la passe. Fernando Rey, comme son
prédécesseur, ne se croise pas, ne conduit pas la charge du novillo
et celui-ci étant faible la faena va très vite à menos. Le torero connaîtra
des difficultés à la mort avec 11 pinchazos avant de réussir une demie
en avant qui sera concluante.
Le
troisième est mieux présenté que les deux précédents. Il a une charge
vive que Jose Garrido saura canaliser avec autorité au capote. Il prend
une bonne pique sans pousser avant de charger du centre de la piste
pour la seconde. Il y a depuis Séville une vrai competencia entre Jimenez
et Garrido. A un bon quite du premier, le second répond par un quite
supérieur .Le ton est donné, le torero extremeño est décidé à s’imposer
.Il commence sa faena par des statuaires. Il va réaliser une faena alliant
technique et art. Il met la jambe, se croise, allonge avec autorité
la charge du toro pour le côté technique .Pour le côté artistique, il
temple merveilleusement bien et ses naturelles de face sont des monuments
de classe .Le public est conquis et les olés, les premiers de la feria,
ponctuent les excellentes séries à droite et à gauche. La faena est
conclue par une superbe estocade, rapide d’effet, et la présidence accorde
deux oreilles méritées. L’arrastre est applaudie.
Borja
Jimenez a compris qu’il doit s’employer avec plus de sincérité s’il
veut rivaliser avec son compagnon de cartel. Le quatrième est le premier
du lot à avoir un morillo. Bien reçu à la cape, mal placé il prend la
première pique avec brusquerie puis chargera avec alegria, de loin pour
une deuxième. Les peones saluent après un excellent tercio de banderilles.
Le blond sévillan se croise (enfin) pour une très bonne série à droite
.Il cite de loin, allonge le toro .Cela fonctionne sur le toro et sur
le public ; Le toro, soso et lent transmet peu, il passe mal à gauche.
La faena essentiellement droitière reste en deçà de celle de Garrido.
Le toro va à menos, .et Jimenez conclue d’une entière en avant et longue
à faire effet. Forte pétition d’oreille dont le président ne tient pas
compte.
Il boit le calice jusqu’à la lie d’avoir accordé un trophée pour une
faena en trompe l’œil .Il ne peut décemment permettre à l’élève de la
famille Espartaco de sortir en triomphe avec un Garrido qui l’a largement
dominé. On paie là aussi cette dérive qui fait qu’aujourd’hui, on sort
en triomphe avec deux trophées même sur deux toros, ce qui incite les
toreros à toréer le public surtout si celui-ci est moyennement connaisseur.
Une adaptation du règlement qui subordonnerait la sortie à hombros à
l’obtention de trois oreilles ou de deux oreilles sur le même toro remettrait
les choses à leur place.
Le torero fait deux vueltas, le président se fait siffler mais la morale
est sauve.
Fernando
Rey est obligé de faire un effort s’il ne veut passer totalement inaperçu
face à deux novilleros punteros qui se « tirent la bourre ».Son second
adversaire pousse lors de la première pique et charge de loin pour un
picotazo à la seconde. Le toro est désordonné, le jeune torero va s’appliquer
à corriger ce défaut. C’est un peu scolaire, manque d’émotion mais le
toro transmet peu .Quelques bonnes séries en fin de faena face à un
novillo qui s’améliore laisse envisager un trophée .Hélas une estocade
plate et en arrière et sept descabellos anéantissent le travail réalisé
lors de la faena.
Certains
diront que Jose Garrido a touché le meilleur lot, je pense qu’il a su
exploiter au mieux les possibilités de ses deux novillos.
Le
sixième est fuyard à la cape .Garrido, avec autorité, le met bien en
suerte pour une pique poussée et un picotazo pris en partant du centre
de la piste, joli quite d’un Jimenez revanchard. Le toro est, comme
souvent chez La Quinta, pastueño. Garrido en très bon lidiador va adapter
sa faena à ce comportement. Avec finesse et autorité, il embarque le
novillo dans des séries lentes, tirant au maximum sa charge à la manière
d’El Viti. Le toro est dominé, et le final par naturelles de face superbe.
Une entière efficace conclue cette excellente faena, le président n’hésite
pas à sortir les deux mouchoirs.
Le novillero invite le mayoral à partager sa vuelta ce qui est méritée.
Par contre la sortie en triomphe de ce dernier l’est moins. Le succès
de la novillada repose plus sur la classe de Garrido, la competencia
entre lui et Jimenez que sur le bétail.
Il
a manqué aux La Quinta cette étincelle qui les aurait fait passer de
faire-valoir à artisan du succès. Cette année, les organisateurs de
Saint-Perdon ont le sourire. Les trois novilleros, dont Garrido, choisis
pour leur novillada concours ont montré des choses intéressantes tout
au long de la saison.
En attendant le 31 août au Plumaçon, les fans de Garrido pourront faire
le déplacement le 22 pour le voir affronter seul 6 exemplaires d’El
Palajero.
Thierry
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