Arènes
de Captieux, dimanche 1er juin 2014 : novillada piquée
6 novillos d’El Tajo et La Reina pour
Fernando Rey (silence, silence)
Clemente (silence, palmitas)
Andres Roca Rey (une oreille, deux oreilles)
Soleil et plein sur les gradins
L’ex
torero devenu ganadero Joselito a envoyé à Captieux un lot de novillos
bien présentés mais hétérogène de type (du premier très Torrestrella
au dernier pur Nuñez)
A l’exception du compliqué troisième, ils offraient des possibilités
à condition de les lidier pour les obliger à s’employer aussi bien sous
le fer que face à la muleta. Hélas le mot lidia a été banni comme le
mot distance du lexique distribué aux jeunes toreros. A vouloir imposer
à tous les toros une tauromachie « Tomassienne » réduisant les distances
dès le début du troisième tiers, les belluaires étouffent leurs adversaires,
limitent la faena à des circulaires qui portent sur une partie du public
sans transmettre de vraie émotion
Par
moment j’ai envie de crier « Cesar (Rincon) revient !» pour leur apprendre
à citer le toro de loin…..
Le
premier novillo, typé Domecq, sera le plus léger mais aussi le plus
intéressant du lot. Il viendra deux fois au cheval en poussant avec
bravoure. Il montre sa caste en s’engageant dans la cape de Clemente,
puis de Fernando Rey pour deux quites élégants. Le bicho est noble,
il vient bien à droite et à gauche. Fernando Rey le cite de beaucoup
trop près, raccourcit la charge et n’exploite pas les qualités de l’animal.
Abusant du pico et ne se croisant pas, il enchaine des passes qui ne
pèsent pas sur le toro. N’ayant pas dominé son adversaire, le torero
va éprouver de grandes difficultés à la mort. Il enchaîne, sans s’engager,
un pinchazo, un horrible bajonazo et une entière en avant. Silence pour
le torero, l’arrastre est applaudie.
Le
quatrième novillo ne s’emploiera pas au cheval ; Il est bien banderillé
par l’excellente cuadrilla du torero de Torremolinos. Légèrement gazapon,
il répond aux cites de loin et suit la muleta avec une certaine noblesse.
Hélas Fernando Rey nous ressert la même faena qu’au premier. il étouffe
le novillo en le citant de trop près, reste sur le voyage. Une nouvelle
fois il passe à côté des possibilités offertes. La mise à mort est à
nouveau laborieuse, après un julipié résultant très bas, 4 descabellos
refroidissent le public. Silence pour le torero et applaudissements
pour le toro
Très
attendu par le public après son triomphe de 2013, le torero local Clemente
va connaître une après-midi compliquée. Le second novillo, le plus costaud
du lot, va lui infliger une impressionnante voltereta dès les premières
passes de cape. Commotionné, le novillero va mettre de longues minutes
à retrouver ses esprits. Il commettra l’erreur d’écourter le premier
tercio après une pique prise en poussant par le bicho. Certes ce dernier
donne des signes de faiblesse, mais il a besoin d’être redressé comme
diraient les fans de course landaise. Peu châtié, avec une charge courte
et une tête chercheuse, le Joselito est trop compliqué pour un débutant.
Le bordelais ne pourra lui opposer que son courage, il sera sévèrement
bousculer à deux reprises. Faena à la Robleño sans le bagage technique,
l’émotion est présente en piste mais le toro prend le dessus. Echec
à l’épée (une demie, trois pinchazos, une demie), le torero rejoint
l’infirmerie pour y être examiné par l’équipe médicale.
Le
cinquième est un joli colorado qui va prendre avec beaucoup de bravoure
une superbe pique. Avec raison le public râle quand le président, accédant
à la demande de Clemente, demande le changement de tercio. Manifestement
mal remis des tumades infligées par son premier adversaire, le jeune
français va passer complètement à côté de son sujet. Fuera de cacho,
il ne trouvera ni la distance, ni le sitio pour dominer un novillo qui
prendra le dessus et restera inédit. Porté par le public, le joven se
conte d’un toreo superficiel .Il tue mal (2/3 de lame plate et une entière
de côté). Petite pétition d’oreille justement refusée par le président,
le torero boude et ne répond pas à l’invite du public pour saluer. J’ose
espérer qu’il s’agit d’un manque de lucidité suite aux coups reçus et
pas un caprice d’enfant gâté.
Le
péruvien Andres Roca Rey débute ce jour avec picador. Son premier adversaire
est le plus armé de l’envoi, il sera très mal piqué à deux reprises.
Une seule paire de banderilles ressort du second tercio à charge du
protégé de JA Campuzano. Au troisième tiers, le novillo s’avère être
manso. Avec beaucoup de technique, le jeune toreo va l’obliger à passer.
Avec autorité et élégance, il va réaliser de bonnes séries à droite
et à gauche. La faena bien débutée va aller à menos dès que le torero
cède à la mode et raccourcit les distances. Etouffé, le novillo baisse
de ton, l’estocade en avant et de côté est longue à faire effet. Le
public obtient une oreille justifiable par le début de faena mais généreuse
si on en considère la fin et la piètre qualité de l’épée.
Le
sixième novillo, pur Nuñez, sera le moins intéressant du jour. Il ne
pousse pas sous le fer. Soso il suit la muleta sans s’engager ni transmettre
d’émotion. Très rapidement, le jeune péruvien laisse tomber la lidia
et bascule dans une tauromachie de pueblo aux effets faciles qui plaisent
au gentil public de Captieux. Moi je m’ennuie et manque de m’endormir
sous l’effet du peu d’intérêt de la faena et du soleil qui tape sur
mon crane dégarni. Très belle estocade qui aurait pu justifier une oreille
mais pas les deux accordées par un président probablement victime, lui
aussi, d’un début d’insolation.
A
l’issue de la course, un prix est remis à Roca Rey pour la meilleure
estocade, à la cuadrilla de Clemente (soit, moi j’ai préféré celle de
Fernando Rey) et à Diego Ochoa qui a piqué le cinquième (j’ai préféré
le picador qui a piqué deux fois le premier novillo)
Cette
course qui ne passera pas à la postérité nous a toutefois permis de
retrouver tous les amis aficionados dans un cadre champêtre hélas transformé
en camp retranché pour nous protéger de 10 abrutis d’antis plutôt atones
que les forces de l’ordre ont laissé s’installer près de l’entrée du
Campo de Feria alors que leur manifestation n’était pas autorisée .
On continue à marcher sur la tête, certains se mordront les doigts quand
arrivera, ce qui est inéducable, un incident grave à force de taper
sur le système nerveux des aficionados.