AIRE SUR ADOUR


Photos Laurent Larroque, tous droits réservés.

Une novillada concours sans vainqueur

Arènes d’Aire sur Adour, jeudi 1er Mai : novillada concours
Curro de la Casa (François André silence, Tardieu silence)
Francisco Jose Espada (Gallon silence, Astarac silence)
Daniel Soto (Blohorn silence, Malabat salut au tiers)
Cavalerie Bonijol
Un quart d’arènes, temps froid et nuageux (pluie au 1er ,2nd et 4ème)

Un grand journaliste taurin du Sud Ouest a l’habitude quand il s’est ennuyé aux arènes de disserter sur les à-côtés de la corrida. Ce que je retiendrai de cette journée, c’est la capéa du matin avec les élèves d’Adour Aficion, l’apéritif partagé avec des amis sudouestiens et l’excellent repas partagé avec 500 autres aficionados.
La novillada concours, elle , ne restera pas dans les annales. L’idée est bonne, la réussite de Saint Perdon en 2013 en est la preuve .
Les novillos ont tenu le rôle que l’on attendait d’eux, pas les toreros par manque d’expérience ou par manque de compétence.

Tout avait pourtant bien commencé avec le François André (origine Vegar Vila) sorti en premier lieu. Le bicho, cardeño et playero, est bien présenté. Curro de la Casa va le mettre en suerte quatre fois, en le plaçant de plus en plus loin .Le piquero fait bien son office Le Camarguais vient au cheval, mais ne pousse pas vraiment. Il est brave mais manque de force. Au début de la faena, il est noble et s’engage bien dans la muleta du jeune torero. Les premières séries sont intéressantes, elles manquent de profondeur mais mettent bien en valeur les qualités du novillo. Hélas celui-ci est faible et baisse très vite de ton. Le torero, trop tard, essaie à gauche, le toro se rapproche des planches. La dernière série dans ce terrain est anecdotique. La mise à mort sera laborieuse (une entière de côté, sept descabellos), Silence pour le torero et applaudissement pour l’arrastre.

En second lieu sort un bel exemplaire de la ganaderia des frères Gallon (encaste Domecq) ; La cuadrilla et le torero sont débordés. Les mises en suerte inexistantes, le toro prendra trois piques traseras indignes d’une novillada concours. Le tercio de banderilles est du même acabit. Après ces deux tercios bâclés, le bicho arrive à la muleta tardo mais suffisamment noble pour permettre au torero de s’exprimer. à condition qu’il ait envie de le faire . Francisco José Espada, en ce jour de fête du travail, a plus envie de ramasser du muguet que de toréer. Il fait passer le novillo, ne se croise jamais. La faena est insipide, sans transmission, ni saveur. Silence après un pinchazo, une très vilaine épée, un descabello, le public est gentil, une petite bronca aurait peut-être rappelé au torero que quand on bénéficie de protection pour obtenir ses contrats, on doit s’investir un minimum dans son travail.

Sort en troisième lieu , un novillo de Blohorn (encaste Domecq) venu en remplacement de celui du Lartet , initialement prévu mais qui s’est blessé au campo. Costaud, bien charpenté, d’armure commode, il s’engage avec vivacité dans la cape de Daniel Soto. Le sévillan fait aujourd’hui ses débuts en piquée. Je m’interrogeais sur la présence d’un torero aussi peu expérimenté, qui n’avait jamais vraiment convaincu en non piquée, dans la terna pour une novillada concours. Le joven sera la bonne surprise du jour. Il manque certes d’expérience et sera souvent dominé par ses adversaires. Mais il fera montre d’envie, de volonté et surtout de respect vis-à-vis du public et des ganaderos . Le novillo ira à mas face au cheval. Mal mis en suerte il s’impliquera peu à la première rencontre, se comportera plus en manso con caste à la seconde . Placé plus loin, il poussera avec bravoure à la troisième. Une quatrième mise en suerte aurait pu lever le doute : manso con casta ou brave ? Hélas la présidence fait sonner le changement. Le Blohorn est noble, vient mieux à gauche. Soto tâtonne pour trouver le sitio, va alterner de bonnes séries avec de moins bonnes. Le toro garde le dessus, ne sera jamais complètement dominé. Il a encore des passes quand le novillero prend l’épée. Le novillo, de ce fait, est difficile à fixer à la mort. Quelques applaudissements pour le torero après deux pinchazos, deux entières, dont une très en avant et trois descabellos .L’arrastre est elle applaudie.

En quatrième sort un Tardieu (encaste Nunez), costaud, gacho. Dès sa sortie, il montre des signes de faiblesse, freine dans la cape. Il est mal mis en suerte à la pique (deuxième plus proche que la première), il ne pousse pas sous le fer. Changement après la seconde pique, le toro est donc hors concours. Dans la cuadrilla de Curro de la Casa opère ce jour, David Adalid. La star des peones sera appelée à saluer après avoir posé deux bonnes paires de banderilles. Très vite le novillo va baisser de ton, il se défend sur place, envoyant des coups de tête. De la Case se jette de côté pour porter une entière concluante, silence pour les deux protagonistes.

Le cinquième est un novillo de la ganaderia de l’Astarac (encaste Pedrajas) costaud (peut être un peu trop vu sa morphologie), mais pauvre de tête. Il domine Espada à la cape .Il prendra trois piques, mais il faudra attendre la troisième pour qu’il soit placée correctement face au cheval. A chaque fois la pique sera positionnée trop en arrière. En Pedrajas, le toro va pousser et soulever le groupe équestre. On sent toutefois qu’il est limité en force et qu’il laisse beaucoup d’énergie dans ce premier tiers. La cuadrilla du protégé de César Jimenez est en dessous de tout aux banderilles ; Au troisième tiers, le Darré va très vite se décomposer. Malgré une certaine noblesse, il va se garder de plus en plus d’autant que son novillero totalement absent ne fait rien pour l’inciter à passer La mise à mort est à la hauteur de cette non faena (deux pinchazos, une entière caîda et un descabello), silence pour les deux acteurs.

Très attendu par les supporters de la ganaderia, sort en sixième un bel exemplaire de Malabat (encaste Conde de la Corte). Celui-ci a le type morphologique de son encaste, mais aussi le comportement. Très compliqué à la cape, il déborde Daniel Soto. Il sera très mal piqué (et trop peu), le picador sera sifflé. Tercio de banderilles désastreux, le bicho arrive au troisième tiers avec plus de défaut que de qualité. Le joven n’a pas le métier nécessaire pour remettre dans le droit chemin (ou dominer) pareil adversaire. Il va essayer, mais ne trouvera pas le sitio, se fera accrocher spectaculairement. Le toro livré à lui-même va devenir intoréable à droite puis à gauche. Une entière courageuse met fin au combat. Le public invite le jeune sévillan à saluer pour le remercier de sa bonne volonté et de son courage.

Le prix au meilleur novillo est déclaré desertio, c’est Pepe Aguado qui reçoit celui du meilleur piquero pour sa prestation face au François André. Pas de problème particulier pour la présidence qui a fait preuve de ponctualité pour sonner les avis. Une course à oublier, c’est une habitude à Aire. Mais que pouvait-on attendre avec des toreros inexpérimentés (De la Casa et Soto) ou sans aucune motivation (Espada)
Dommage car la lidia du Blohorn (le plus complet), du François André (le plus brave) et dans un autre registre du Malabat (le plus compliqué) dans des mains plus expertes auraient pu être intéressantes.

Comme d’habitude 30 antis aussi ahuris que ridicules et tout plein de force de l’ordre. ………….. !

Thierry

 

Module de Commentaires