AIGNAN


photos Laurent Larroque, tous droits réservés.

Novillada compliquée et dangereuse en terre gersoise

Arènes d’Aignan, le 20 avril 2014 :
novillada non piquée matinale
4 becerros du Lartet pour
Pablo Aguado (vuelta, silence)
El Adoureño (salut)
Andy Younes (une oreille)

Andy Younes blessé au moment de l’estocade par le troisième novillos, c’est Aguado qui assurera la lidia du 4ème.

1/3 d’arènes, le public est regroupé dans la tribune couverte pour se mettre à l’abri de la pluie et se réchauffer. La famille Bonnet a envoyé à Aignan un lot composé de deux becerros légers et nobles et deux plus costauds et mansos trop compliqués pour une course sans chevaux.

Agé de 22 ans, Pablo Aguado reçoit le tambour major par des paquirrinas. Le bicho est léger mais bien armé, il accroche aussi bien à droite qu’à gauche dans la capote du jeune espagnol puis dans celui d’Adoureño (bon quite).

En début de faena, le Lartet montre des signes de faiblesse si on le sollicite trop vers le bas. Très noble, limite bonbon, il répond avec franchise à toutes les sollicitations. Aguado toréé sur le voyage, sans vraiment s’engager ni templer la charge. Il ne profite pas des possibilités offertes par le novillo. Celui-ci finit par baisser de ton à la fin de la trop longue faena. L’estocade est trop verticale (et en avant) pour être efficace. Vuelta de sympathie pour le torero, le novillo est applaudi à l’arrastre.

Le second Lartet est sur le même modèle que le premier. Encasté, il nécessite une muleta autoritaire. Encore vert, El Adoureño va alterner de bonnes séries à droite, en se croisant et en templant, avec des séries brouillonnes. Le toro finit par prendre le dessus et bouscule le jeune torero. Yannis salue après deux pinchazos et une demie. L’arrastre est applaudie.

Changement de décor avec la sortie du troisième toro. Costaud, armé playero, il est applaudi à son entrée en piste. Les cuadrillas le craignent d’autant plus qu’il est distrait, fuyard et beaucoup moins franc que les deux premiers. Dès le début de la faena, il recherche les planches et Andy Younes a du mal à le tenir au centre de la piste. Avec courage et technique, il tire ce qu’il peut à droite du novillo qui ne vaut rien à gauche. Le toro est prêt à être tué. Alors qu’il s’est réfugié dans les tablas, il gagne le centre de la piste. Andy commet l’erreur de vouloir continuer la faena .Il doute du novillo, les passes sont moins sincères et continue à décomposer l’animal. Le torero s’engage pour une entière atravesada. S’engageant trop sur un animal manso et décomposé, le torero sera accroché et blessé (15 cm dans la cuisse). Evacué à l’infirmerie, il y sera soigné et pourra rejoindre son domicile arlésien dans la soirée. Sa cuadrilla reçoit l’oreille accordée à la demande du public.

En l’absence de Andy Younes, c’est Pablo Aguado qui est désigné pour combattre le dernier eral normalement réservé au triomphateur de l’après-midi. Le manque de caste du Lartet va continuer à plomber l’ambiance déjà refroidie par la blessure du jeune arlésien. Bien présenté, limite novillada piquée, il va se comporter en manso décasté. Il recherche le terrain des planches, et ne passera ni à droite, ni à gauche malgré les tentatives courageuses du torero. Accroché en fixant le toro, Aguado s’engage pour ce qui sera un bajonazo majuscule. Avec application, il se rattrape avec une belle entière longue d’effet. Trois descabellos seront nécessaires (avis)  Quelques applaudissements pour le torero et sifflets pour le novillo.

En résumé une matinée, comme la météo, mi-figue mi-raisin, avec des novilleros courageux, deux bons novillos mais aussi deux mansos qui compte tenu du peu d’expérience des acteurs sont forcément dangereux et une blessure que nous souhaitons sans trop de conséquences.
Les trois novilleros sont à revoir dans d’autres circonstances. Côté bétail, les deux derniers toros sont dans la lignée, morphologie et mansedumbre, de celui sorti à Castelnau et du dernier de la course de Maubourguet en 2013, à la famille Bonnet de redresser la barre …

La pluie n’est pas favorable qu’aux champignons . Elle fait aussi pousser les camionnettes blanches ou bleues de la gendarmerie. La présence de quelques vilains antis étant annoncée, il s’agit, dit-on, d’un exercice d’entraînement pour les forces de l’ordre avant la féria de Vic.

Thierry


photos Laurent Larroque, tous droits réservés.

Un grand Juan del Alamo face aux Valdefresno

Arènes d’Aignan, dimanche 20 avril 2014, corrida des fêtes de Pâques.
6 toros de Valdefresno pour
David Mora (silence, une oreille)
Thomas Dufau (deux oreilles, une oreille)
Juan del Alamo (vuelta, vuelta)
Bonne entrée (3/4 d’arènes) malgré une météo désagréable, quelques antis maintenus à distance par les forces de l’ordre.
Dommage que les organisateurs n’aient pas rendu hommage au grand ganadero qu’a été Nicolas Fraile dont les toros sortaient pour la première fois après son décès. J’espère que nos amis de Rion des Landes sauront rattraper cet oubli au mois d’août tant ce personnage et leur novillada non piquée sont associés.

La maison Fraile a envoyé à Aignan, un lot bien présenté. Bien armé, avec du trapio, ils ont fait honneur à la devise face au cheval. Souvent nobles, il leur a manqué, comme souvent chez cette ganaderia, un peu de fond et de gnac pour transmettre l’émotion attendue par l’aficion gersoise.

Ce n’est pas les résultats comptables qui resteront dans la mémoire des aficionados présents. Les trois oreilles pour Dufau accordées sans raison par l’incompétent notoire présent au palco sont peu de chose au regard des ovations entendues pendant et après ses deux faenas par Juan del Alamo.

C’est Davis Mora qui a la charge d’accueillir le premier toro. Bien présenté, il viendra trois fois et poussera face au cheval de la cuadra Heyral. Le toro est noble, limite soso. Les doblones de début de faena et une très belle série à droite font illusion. Très vite le torero madrilène retombe dans ses travers ; Il se croise sur la première passe de la série, puis enchaîne les suivantes fuera de cacho et profilé. Il compose plus la figure plus qu’il toréé. Ses œillades lancées au public face à un toro qu’il a contribué à décomposer ont le chic de m’exaspérer. Mauvaise épée, bajonazo et le torero doit se contenter de saluer au tiers. Le quatrième sera le plus manso du lot face au cheval. Sans grande caste, il ne transmet aucune émotion Mora va profiter du peu d’intérêt du toro, pour amuser le public par des séries « élégantes », peu engagées assorties des sempiternelles œillades. Le final par toréo culero et estocade, engagée mais un peu en avant font tomber une oreille de peu de poids.

Thomas Dufau est un garçon sympathique mais qui n’a toujours pas trouvé sa place dans le monde de la tauromachie. Il n’est ni torero artiste, ni torero vaillant. Il a peu de contrats importants à ce jour et toujours dans des cartels où il a forcément du mal à trouver son style. Il va cette année alterner des Zalduendo avec Morante de la Puebla avec des Escolar Gil en compagnie de Robleño. Il est grand temps pour le landais de quitter Curro Caro et l’écurie Casas qui ne lui offre que des contrats régionalistes ou de faire valoir voire de contrepartie ; S’il veut progresser ,il doit être pris en main par un mentor qui s’occupe de lui techniquement , l’aide à trouver son style et surtout à sortir de sa tauromachie mécanique de bon élève qui commence à lasser le public. Son premier adversaire, léger mais bien armé, manque de force lors des deux rencontres face au cheval. Le toro est noble mais faible donc naturellement, il transmet peu . La faena est essentiellement droitière . Le torero est raide, manque d’élégance et la tauromachie manque de profondeur ; C’est propre, bien léché mais de peu d’intérêt ; Thomas s’engage pour une épée qui résulte dans le fameux rincon d’Antonio (et aussi des adeptes du julipié) Ainsi placée , l’épée est efficace , mais de là à accorder deux oreilles , il faut soit être chauvin ou bien adepte de la multiplication des trophées comme notre cher président montois. Comme il faut s’y attendre, la vuelta, trophées en main, manque de chaleur.

Le cinquième est le plus léger du lot, il est toutefois bien armé. Il va prendre deux bonnes piques en poussant et en restant collé dans le peto. Il pose des problèmes à la cuadrilla aux banderilles qui multiplie les coups de cape inutiles. Le toro est complexe mais forcément intéressant si son opposant arrive à lui imposer sa volonté. De la faena, il faut retenir une bonne série à droite, rien à gauche et des accrochages, le toro peu dominé finissant par déborder le landais. Belle estocade en décomposant les temps, mais en restant sur la face, d’effet spectaculaire qui pourrait justifier l’oreille accordée s’il n’y avait pas eu le cadeau fait par le palco à l’issue de la première faena.
Le troisième toro, magnifiquement présenté, est faible dès son entrée en piste. Il ne prendra qu’une pique et sera difficile à banderiller (trop de passage à faux). Il est difficile à fixer en début de faena ; Mais c’est sans compter sur la technique et le talent de Juan del Alamo. Le torero de Salamanque va se croiser pour obliger le toro à passer Il enchaine de superbes séries à droite et à gauche où il allie autorité, sincérité et élégance. Le toro dominé va à mas et le public enthousiaste est prêt à réclamer les trophées (justifiés ceux-là) pour le torero. Hélas la mise à mort ne sera pas à la hauteur de la faena (une demie plate et trois descabellos), le torero doit se contenter d’une vuelta chaleureuse. Public et torero attendent beaucoup de la prestation de del Alamo face au sixième.

Le dernier Valdefresno, bien présenté, se comporte en toro brave lors de deux rencontres poussées avec les reins face à la cavalerie. Le torero le replace de loin pour une troisième mise en suerte après avoir demandé au piquero de retourner la pique. L’incompétent assis au palco, ne comprend rien et fait sonner le changement de tercio (sic). Après une bonne série de doblones, Del Alamo enchaine une série de derechazos qui déclenchent olés et ovation sur les gradins. Il flotte comme un air de triomphe. Hélas, le torero est malchanceux, le toro se décompose très vite, Il rechigne à venir à gauche et il faut le prendre dans le terrain des planches (deux bonnes séries). La mise à mort est à nouveau problématique (pinchazo, mete y saca, media, entière) et le torero doit se contenter d’une nouvelle vuelta très applaudie. Avec raison le président a, compte tenu des mises à mort, refusé d’accorder une oreille malgré la qualité des deux faenas de Juan del Alamo, mais quelle injustice quand on pense aux cadeaux faits par le même à Dufau.

Le torero landais sort en triomphe mais c’est celui de Salamanque qui reçoit la plus grande ovation en quittant le ruedo. Il manque juste une grosse bronca pour la palco ….. !

Corrida intéressante grâce au bétail et à un torero, Del Alamo, dont on reparlera cette saison et qui avec un peu plus de gnac côté toros et de chance à l’épée pour le torero aurait pu être l’évènement marquant de ce début de temporada.

Thierry

 

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